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par Diabolo » 21/mai/07 - 15:57
Moi, vous me connaissez, je suis d’un genre qui est à une génération ce que d’autres sont à la combustion, plutôt spontané. Aussi, quand j’ai reçu de la part du Doc un texto demandant si deux places pour le Grand Prix Moto intéresseraient un quidam, je me suis mis recta sur les rangs et bingo ! le ouineuriz moi !
Bref, dimanche je me suis retrouvé sur les ergots à quatre heures du matin pour aller au Bugatti. A cet heure indue, autant vous dire que le manomètre indiquant le niveau d’inertie de groupe est proche de zéro, ça fonctionne au pilotage automatique à la façon généralissime qui va bien : sandouiches et flotte vont rejoindre fruits et gâteaux au fond du sakado, coupe-vent pour des fois qu’il y en ait et sunglassizes pour des fois qu’il y en ait aussi et gaz ! Enfin plutôt vroum, car moi, vous me connaissez, c’est pas l’appelle des autoroutes gratuites qui va me convaincre de rouler sous la drache annoncée.
Deux heures aftère nous voilà rendu au Circuito dé Lémano. Pas de pause pipi ni de pause babyfoot sur le parcours. Et là permettez-moi de m’enorgueillir du fait que ça change du soi-disant rythme dont se gargarisent certains pour déconner. Y déjà du trèpe sur place mais j’arrive quand même à tanker ma charrette à un jet de roue-libre de démarreur de l’entrée. Grâce au plan d’accès fourni avec les deux ticsons, je mets le cap vers les tribunes couvertes. C’est pas que je soye en sucre mais franchement la flotte m’engage pas à crapahuter tout autour pour trouver zi emplacement « spécial freinage tardif ».
Avant de river mon dargeot à un siège, mieux vaut que je prenne mes dispositions. J’avais entendu des mecs dire du mal des sanitaires, ben en vlà qui s’offrent à ma bitoune. La Damepipi n’a pas l’air jouasse à sept couilles du matin, p’têt’ qu’elle a du en essorer des longues, des courtes ou des molles toute la noye… Enfin, je fais ce que j’ai à faire et je mets les adjas. C’est pas de la sanisette luxueuse, je dirais même que c’est plutôt luxuriant à la vue des poils de fion qui décorent la lunette, mais bon y a bien des chiottes au Mans, comme quoi y a que des mauvaises langues…
Café et croistif là-dessus et avanti vers un gradin. Y a plein de copain à J-Luc dans les tribunes, comprenez des espèces de vers géants pas très luisants, ça sent la biture et la nuit difficile. Il est 7h15, le premier ouarmeupe est à 8h30, ça caille, ça vente un chouille, je finis ma nuit dans une torpeur frissonneuse.
8h30, les minots attaquent le bitume. Niveau ambiance, on croirait les petits zyvas qui font péter leurs boosters autour des cagoles. 9h05, au tour des deux-et-demi. Ca envoie un peu plus, les carénages sont davantage flashouilles, l’ambiance sonore monte d’un cran, je bouffe des M&M’s. Et à 9h40, c’est le choc.
Jusque-là, les mécanos s’étaient contentés de faire chauffer les 800. Juste des broap-broap cadencés, guère dans les tours pour préserver la mécanique. C'est que c'est pas aux normes automobiles leurs trucs. Mais quand, après un petit tour au ralenti, les cadors viennent poser leurs arpions sur la ligne droite pour simuler un départ, c’est la blitzkrieg sur la grille, Ariane sur son pas de tir, le Concorde sur Gonesse !!! Ce barouf ! J’en perds immédiatement trois dixièmes à l’oreille droite et quatre à la gauche ! Ma couille gauche qui veut prévenir la droite décide de se mettre à l’abri mais il est trop tard, dans mon slip l’étend-dard est levé, les deux boules sont priées de ressortir pour maintenir l’édifice ! Ce n’est qu’au troisième tour que je me résous à faire monter aux créneaux mes deux index pour me boucher les étagères à mégots, vaincu par ce truc de dingue.
Au festival des bandes annonces, la palme est attribuée aux Ducati officielles qui hurlent dans un bruit strident, façon turbine de réacteur. Les Honda, elles, ferraillent tout en nuance selon les différents échappements, Les Suz et les Yam restent assez proches bien que d’architectures moteur différentes, avec une ambiance « coud-de-fusil » au passage des rapports. Quand aux Kaoua, elles remportent le prix spécial du jury grâce à cette touche de grave qui rentre en résonnance avec la tribune.
C’est une expérience proche du passage dans une lessiveuse, j’en ressors vidé. Je finis mes M&M’s.
Rossi tape la discute devant son garage. Abordable le gars.
11h. Première course. Les pouffes d’Alice, sponsor principal du Grand Prix, viennent sur la grille matérialiser les lignes. Rossi qui a troqué sa combarde en peau de lapin pour un bermud’ improbable et un gilet vient voir le départ en live.
Un coup de clé de douze et c’est parti. Pas chauvin de nature, je me prends à suivre les p’tits gars de chez nous. Un écran sur ma gauche me permet de voir les principaux faits de course. Un truc me frappe, c’est la réflexion d’un pote qui m’avait dit : « tu verras, la télé écrase tout, ça va plus vite en vrai ». Ben ça me transcende pas plus que ça niveau speed, mais niveau écarts, c’est plus flagrant à la téloche. Ici on a toujours l’impression que les mecs sont tous dans la même seconde !
Après une vingtaine de tours, la messe est dite. J’en profite pour aller faire gazouiller fauvette et là, c’est le drame. L’arrière de la tribune est devenu une gigantesque pissotière ! Le moindre bout de mûr, le moindre coin ou poteau recueille la miction des autochtones. Merde, les mauvaises langues avaient raison : il y probablement 80 ou 90 000 personnes dans l’enceinte du circuit et trois chiottes !!! Honteux.
Midi sonne, les deux et demi résonnent et ça bastonne sévèrement dans tous les coins, du beau spectacle, des mecs qui n’en veulent, du suspense. Je penche plus pour Dovi mais Lorenzo maîtrise. Félicitations les gars.
13h30, les choses sérieuses vont commencer. La grille se met en place et un truc me donne un sentiment de félicité. Là, à quelques mètres derrière le grillage, ils sont là. Ces gars qu’ont voit couramment en photo dans MJ ou MR (selon votre religion rayez la mention inutile) sont sur leur meule à attendre le feu vert, détendus et souriants pour les uns, fermés et concentrés pour d’autres. En fait j’ai l’impression d’aller voir tourner des potes. Je suis bien, j’ai la banane et les nuages qui s’amènent me laissent à penser que les slicks ne feront pas toute la course.
Quatorze heures sonnent et les 800 tonnent ! Comme dirait un préposé au sonomètre :"ce n’est pas homologué ce dispositif d’échappement Monsieur..."! quoi ? qu’est-ce que vous dites ? Eh merde, encore trois dixièmes qui partent en fumée ! Et pendant que j’entends la mer, ça chable déjà aux avant-postes. Et vas-y que je te taxe, et vas-y que je te tasse, et vas-y que je t’extériorise, que je t’intériorise ! Et dire que certains évoquent de temps à autres des block-passes improbables dont je les aurais gratifié… tss, tss, tss…des trucs d’enfant de cÅ“ur à côté ce qui se passe en piste !
La surprise du jour c’est que les frenchies se sont sortis les doigts et putain c’est beau ! Bon, ok, à un moment ils se sont pris lesdits doigts dans les bâtons, mais en tout cas respect. D’ailleurs, avec eux le public a été super toute cette journée. ‘Doit bien y avoir deux ou trois cons pour leur chier dans les bottes et alimenter le courrier des lecteurs par la suite, mais ceux-là seront tondus en place publique d’ici peu.
Avec l’arrivée de la pluie sonne le bal du changement de meule, j’appelle le Marquis que je sais devant sa téloche pour avoir le classement tant je n’y comprends plus rien. Y a que Roberts, qui a du partir en mixte qui ne s’arrête pas, tous les autres, s’ils ne se sont pas enterrés dans les bacs, passent par les stands. Une autre course commence. C’est même un ballet vu les figures réalisées. Le régime maxi abaissé et la barrière de l’eau soulage mes tympans. D’expérience, rouler sur un circuit détrempé n’est pas de tout repos pour les nerfs. D’autant qu’un sanglier peut surgir à tout moment… Rossi est la pêche, Vermeulen impérial et Hayden chasse le sanglier.
Au drapeau à damier je suis déjà sur la route. Pas envie de me taper le dégorgement du circuit, et puis moi, vous me connaissez, dès qu’il y a plus de dix personnes, c’est déjà trop.
Comme je ne peux pas passer au garage pour troquer ma bécane contre une bagnole, l’option caisse a été la bonne. La pluie cingle doucement le pare-brise… Tiens ça me rappelle le Roman pour la Suissesse… Sur l’Autobahn des plaques lointaines sont rivées aux garde-boue des meules qui remontent les files sous une pluie battante. Tiens, une six-soixante-quinze… Ca m’irait bien cette meule quand j’y pense… Elle marchait quand même bien celle du Doc… Il est sympa ce Manu quand même, me filer des places pour le GP, me passer sa meule à l’essai, me passer son camion pour aller sur les circuits… Limite s’il me passerait pas un camion avec une meule dedans ... ( !!!)
En rentrant j’ai pas la force de chercher au fond de mes poches pour chercher les dixièmes qui faisaient défaut à mes cages à miel. Boaf, après tout je verrai ça demain. Comme le GP en rediffusion d’ailleurs. Vous me permettrez de couper le son ?
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Diabolo le 22/mai/07 - 08:24, édité 1 fois.