Mardi.
- 5h00 - Reveil!
Ah?! j'aurai donc un peu dormi malgré tout...?!
Toilette et rangement des affaires faits, je monte au restaurant à 6h00 pour le petit déjeuner.
Là, je trouve deux buffets copieusement achalandés, miam!
Le bateau ne tangue toujours pas, quel bonheur.
Je file ensuite m'équiper et prends mes affaires pour me rendre au pont des véhicules.
Tout le monde est dans les couloirs en attendant l'autorisation des membres de l'équipage pour récupérer sa voiture, camion, etc...
Au signal, c'est la ruée!
Vu que je suis entré le premier, je serai dans les derniers à sortir. Ca me laisse le temps de brêler mes affaires sur la moto.
Mais finalement, le bateau se vide rapidement vu qu'il n'y a pas beaucoup de monde.
Une fois dehors, je suis en Croatie (Split) et reste dans la file en direction de la douane.
Ciel bleu et soleil : il fait chaud! Il n'est que 7h15 pourtant...
Au bout de 30mn, le douanier m'arrangue : "passeport, please!"
"ID card, only sir!"
Le type fronce les sourcils, mais je sais que la carte d'identité suffit pour entrer sur le territoire.
"Papers for vehicle!" me demande t-il alors.
Il sort vérifier l'immatriculation, regarde ma carte d'identité une nouvelle fois et avec un rictus me dit : "Franzuski..."
Puis il me rend tout en me faisant signe d'y aller.
Je prends le nord et sors de la ville en direction de l'autoroute à 20 kms de là. Destination Mostar!
Je ferai une centaine de bornes avec cette autoroute toute neuve qui descend vers le sud et qui longe l'adriatique.
Je ne doublerai/verrai que 5 ou 6 voitures et bus. Pareil de l'autre coté.
On est mardi matin et il est encore tôt, mais Y'a vraiment personne!
Un truc surprenant, ce sont les panneaux informant sur la présence de Loups et d'ours tout au long de cet axe.
C'est vrai que la zone est sauvage tout autour, même si le relief et la végétation sont de type méditerranéens comme chez moi.
J'aurai eu envie de dire que c'était "désertique" tant tout est calme, sans constructions ni présence humaine pendant des dizaines
de kilomètres!
Autre chose aussi : les odeurs sont différentes de ma guarrigue Montpelliéraine... c'est nettement plus "authentique"!
Je roule depuis 20 mn lorsque j'aperçois un motard dans le rétro. Le type me double et reste ensuite devant moi jusqu'au dernier
kilomètre.
L'autoroute s'arrête avant la frontière Bosniaque. Il est en projet de la poursuivre en contournant cette dernière
par les iles d'à coté. Le but étant de relier Dubrovnik (toujours en Croatie) un peu plus loin.
Le motard s'arrête sur le coté aprés le péage et fait sa pause clope. Il est immatriculé en Allemagne..
Je me range derrière sa DL storm et me présente : "Hello! I'm Miguel. I'm French! You speak english?"
"Hi, I'm Larry, Yeah! I'm Amecican!"
Je suis étonné... mais il m'explique qu'il va bosser à l'ambassade américaine de Sarajevo et qu'il arrive de Frankfort où il est
stationné en tant que personnel civil de la défense.
Là, il est en mode touriste et préfère se taper la route en bécanne.
Aaaahh, ok, ok, ok!
A mon tour de lui expliquer mon trip...
Aaaahh, ok, ok, ok!
On rigole!
Direction la Bosnie. Il passe devant et avec son super GPS on roule pendant 10mn avant d'arriver à Vrgorac.
Là, des travaux bloquent la route vers la frontière. Son GPS devient fou et ne trouve pas d'autre accès.
On s'arrête et je lui explique que j'avais regardé les routes sur Google map 3 jours auparavant et qu'il faudrai se diriger
vers une autre ville : Metkovic.
Lui ne la trouve pas sur son GPS.
Effectivement, autant toute la Croatie est bien répertoriée pour beaucoup de navigateurs, autant la Bosnie ne l'est que partiellement
(même pour les villes)!
Il me dit ok et je prends la tête.
La route locale de type "départementale" pour moi, se transformera en communale voir en simple chemin quelques fois...
Vu que je découvre vraiment le pays, je roule light et ça me rend serein pour les excés de vitesse!
On arrivera sans encombre à Metkovic où on fera le plein d'essence.
Le passage de la frontière se fait sans problème.
Il y a de nombreux bus Italiens sur place. J'apprendrai plus tard qu'ils se rendent à Medugorje, un lieu de pélerinage catholique.
Nous patienterons une bonne vingtaine de minutes avant de passer. De l'autre coté, c'est pire pour ceux qui vont en Croatie!
Le jeune douanier Bosniaque nous demande quelles sont les cylindrées de nos motos en amateur éclairé et nous racontera même un peu
sa vie...
Allez zou, direction Mostar.
La route est pas mal et je commence à ressentir les même sensations d'il y a presque 20 ans...
Les habitations, les aménagements routiers, les vieux camions, etc... tout ça "s'occidentalise" doucement, mais le pays a été longtemps marqué par l'ère communiste.
La transformation s'est faite plus rapidement chez les Croates de part la volonté de vouloir accrocher le train de l'Europe, je pense.
Mostar, enfin! J'ai parcouru 190 kms.
Je m'arrête à l'entrée de la ville et demande à mon nouvel ami s'il souhaite faire une halte ici.
Il me dit que non car il préfère se rendre à Sarajevo directement. On en est pas loin (130 bornes) et il veut y être pour déjeuner.
Ok. On s'échange nos e-mails et on se quitte en se souhaitant bonne continuation.
D'aprés, mes repérages initiaux, je trouve l'hotel très rapidement. La ville n'est pas trés grande finalement...
Je suis attendu : une jeune femme sort de l'hotel et me demande si je suis bien le Francais qui vient visiter Mostar.
"Yes, I'am!"
Les formalités effectuées, je monte déposer mes affaires dans ma chambre... euh... mon appartement... et revient pour ranger la moto dans le garage de l'hotel.
Je retourne à l'acceuil, et demande à la receptioniste si elle a des nouvelles de mon guide "Almira".
Oui. Elle l'a prévenu de mon arrivée. Almira fini sa visite avec un groupe de touristes et vient me récuperer dans 1h.
Il est 11h45... j'ai donc le temps d'aller déjeuner. Je prends la direction du centre à pied et fais 100 mêtres. Devant moi un restaurant!
Super! Tout marche comme sur des roulettes. Je m'installe et passe commande... Menu en croate doublé en anglais, ça va le faire.
Le plat arrive et il est copieux. Je ne le finirai pas... D'ailleurs je ne me rappelle plus du nom imprononçable de ce plat typique,
légèrement épicé et très bon. Dessert et café, le tout réglé 24KM (soit 12 euro), le prix est plus que raisonnable.
Café prit, je remonte à l'hotel et la receptioniste m'informe que Almira doit arriver dans 10 mn.
Nickel.
Effectivement ma guide arrive à l'heure. Une fois les présentations faites, non partons pour la visite!
Nous parcourrons le vieux Mostar durant deux heures. Ma guide me fera un historique culturel et politique de la ville depuis sa création
par les Ottomans jusqu'aux élections municipales du mois prochain! Du rues en quartiers et en habitations typiques nous visitons Mostar sous une chaleur écrasante!
Nous parlerons évidemment de la guerre et de ce qu'elle a vécu pendant plusieurs mois. La vie dans les abris à cause des bombardements, le rationnement, mais aussi son travail d'interprète pour les forces françaises puis ensuite son séjour en France durant deux ans.
Je verrai en elle une reconnaissance et une admiration débordante pour la France, à bien des égards!
A son retour dans sa ville, elle continuera son travail d'interprète et ouvrira seule son agence de voyage au bout de quelques mois.
C'est grâce à elle que j'ai parcouru et visité la Bosnie dans d'aussi bonnes conditions.
Ayant planifié mes déplacements et la durée de mon séjour avant de venir , je lui avait exposé mon projet 1 mois auparavant.
Elle s'était occupé de me réserver les Hotels (4 nuits en Bosnie et 1 en Croatie) et m'avait programmé les visites guidées en fonction de mes demandes.
Les chambres étaient quasiment de petits appartements (la place ne manque pas là-bas...) et les petits déjeuners toujours copieux!
Un voyage sur mesure, et le tout pour 228 euros! Ca laisse réveur...
Nous finissons la visite devant son agence de voyage où nous retrouvons de nombreux touristes dont certains sont Français.
La discussion s'engage et je découvre des gens de la haute-marne, de la Vendée et de l'Isère.
Almira me proposera d'en rencontrer encore d'autres et de me joindre à eux en fin de journée pour revoir certains lieux ou simplement bavarder avec
les gens pour le repas du soir.
Je la remercie cordialement, mais lui avoue que j'ai trop peu dormi ces dernières nuits. De plus, la route pour venir et la visite que nous venons de faire, m'ont complétement achevés.
Nous nous séparons devant son agence avec une boite de gateaux bosniaques en guise de bienvenue.
Retour à l'hotel, douche, installation proprement dite et ... au lit. Il est 19h30!
